Les engrais vert
Ces cultures qui réparent le sol
Dis adieu à l'érosion et aux fertilisants préfabriqués
Que fais-tu entre deux cultures?
Si ta réponse est « rien », laisse-moi te présenter une technique simple, puissante et naturelle : les engrais verts.
Parce que non, un sol ne devrait jamais rester nu. En permaculture, on part du principe que la nature déteste le vide : si tu ne plantes rien, elle s’en charge pour toi — souvent avec des adventices pas forcément adaptées à tes objectifs. Toutefois, les plantes sauvages font exactement le même travail que les engrais verts. Mais la régénération s’opère généralement plus lentement et de façon moins homogène. Ce serait l’engrais vert du pauvre! Et à L’ombre du palmier, on a laissé faire les “mauvaises herbes” pendant plus de dix avec des résultats visibles, mais insuffisant.
Alors si tu as un peu de budget pour les semences initiales, autant reprendre la main intelligemment.
Qu'est-ce qu'un engrais vert?
Un engrais vert, c’est une culture temporaire semée entre deux productions principales, non pas pour être récoltée, mais pour nourrir le sol et le structurer.
On la laisse pousser, puis on la fauche et on l’incorpore (ou non) au sol avant de planter la culture suivante. Cependant, certaines récoltes sur l’engrais vert ne sont pas totalement exclues. Par exemple, l’engrais vert peut être pâturé ou fauché une fois pour faire du foin.
Il existe une variété de plantes qui entrent dans la catégorie engrais vert, et on peut corriger beaucoup de caractéristiques du sol. Tout d’abord le taux de matière organique: qui influe sur la disponibilité des nutriments et la structure du sol, une carence en un minéral spécifique (azote, calcium, phosphore…), un défaut de porosité avec des plantes qui décompactent, et bien sûr l’équilibre chimique au niveau du pH et du potentiel d’oxydoréduction (Eh), tous deux en lien direct avec le taux de matière organique.
Pourquoi c'est une solution permaculture?
Les engrais verts incarnent la philosophie même de la permaculture : une seule action, plusieurs fonctions.
En semant des engrais verts, tu :
répares les sols : leurs racines structurent la terre, favorisent la porosité, limitent la compaction et améliorent la vie microbienne.
nourris les pollinisateurs et les animaux : certaines espèces comme la phacélie, la moutarde ou le trèfle offrent nectar et refuge. Un mélange d’engrais vert peut aussi servir de fourrage à tes élevages, du moment que tu le laisses ensuite pousser jusqu’à la fin de son cycle.
entretiens les boucles naturelles : au lieu d’acheter des engrais extérieurs, tu recycles sur place la fertilité grâce aux cycles biologiques.
réduis la dépendance aux intrants (et donc les coûts).
protèges ton sol du soleil et du lessivage : un sol couvert reste humide, frais et vivant.
crées un microclimat favorable : les racines et la couverture végétale tempèrent les extrêmes climatiques.
C’est une solution naturelle, autonome et peu coûteuse — exactement ce que la permaculture préconise. Une solution adaptée à toutes les zones, mais plus particulièrement aux 3 et 4 de la ferme, car elle repose essentiellement sur les processus naturels en nécessitant peu d’intervention. Son rapport coûts//bénéfices est très favorable, les engrais verts font le plus avec le moins. Je recommande les engrais verts comme stratégies de fond pour l’entretien du sol des vergers, oliveraies ou autres fruitiers. Les engrais
Les bénéfices pour ton sol
Amélioration de la structure : certaines racines pivotantes (comme celles de la luzerne ou du radis fourrager) cassent les couches compactes.
Apport d’azote naturel : les légumineuses (vesce, trèfle, féverole…) fixent l’azote atmosphérique grâce à leurs nodosités.
Production de biomasse : un engrais vert bien développé peut restituer jusqu’à 3 à 6 tonnes de matière sèche par hectare, soit l’équivalent de dizaines de brouettes de compost.
Stimulation de la vie du sol : plus de racines = plus d’exsudats = plus de nourriture pour les champignons, bactéries et vers de terre.
Moins de ravageurs : un sol actif et diversifié, c’est un système équilibré où les nuisibles trouvent rarement des conditions favorables.
Quelles espèces choisir?
Le secret, c’est la diversité : plus ton mélange est varié, plus il remplira de fonctions écologiques et agronomiques.
Ne cherche pas la monoculture parfaite, cherche le cocktail vivant.
Voici quelques familles à combiner :
Graminées : avoine, sorgho, orge, blé → structurent et couvrent rapidement le sol.
Légumineuses (fixatrices d’azote) : vesce, sulla, pois fourrager, féverole, fénugrec → enrichissent naturellement en azote.
Crucifères (bio-fumigantes et décompactantes) : moutarde, radis fourrager, colza → nettoient et stimulent.
Protéagineux et floraux : lin, tournesol, consoude, ortie, chicorée → attirent les pollinisateurs et améliorent la structure.
Dose moyenne : de 45 à 150 kg/ha, à ajuster selon la densité des graines et la texture du sol. En général, le mélange est à dominante de céréales entre 60 et 70% du poids total. Mais en fait, on fait souvent avec ce qu’on trouve en semences et ce qu’on peut acheter. Par ailleurs, à part quelques lignes directrices, par rapport à son objectif de régénération, il n’existe pas de recette universelle. Chacun doit expérimenter et affiner au fur et à mesure. Tu peux t’inspirer du cortège de plantes spontanées par exemple.
Et souviens-toi : mieux vaut trop de diversité que pas assez !

Pour aller plus loin, un guide complet pour toi 🎁
Le guide “De l’idée à la ferme” t’aide à préciser ton idée de projet et t’apporte des outils pratiques
Quand et comment semer?
Tu peux semer juste après la récolte d’une culture principale, ou en préparation de la suivante.
En ce moment (période de semis des céréales d’hiver), c’est le moment idéal pour introduire un mélange automnal : avoine + blé+ vesce + trèfle + radis fourrager, par exemple.
Méthode simple :
Passe un coup de griffe ou de grelinette pour aérer légèrement.
Répands les graines à la volée.
Passe un léger coup de râteau ou rouleau pour assurer le contact avec la terre.
Arrose si le sol est sec, et laisse la nature faire le reste.
Et Après?
Quand les plantes atteignent leur plein développement, juste avant floraison, tu peux :
les faucher et les laisser en paillage, pour nourrir le sol et le protéger,
ou les enfouir légèrement, pour une libération plus rapide des nutriments.
Puis, tu reprends ton cycle de culture avec un sol plus vivant, plus fertile, et plus équilibré.
En résumé
Les engrais verts, ce n’est pas « perdre du temps entre deux cultures ».
C’est au contraire donner au sol le temps de se régénérer, pour qu’il travaille ensuite pour toi.
C’est un acte d’humilité et d’intelligence — s’inspirer du vivant, au lieu de le contraindre.
Et si tu te demandes encore quoi faire entre deux cultures… maintenant tu sais quoi semer.
Corinne Abbassi, co-fondatrice de L'ombre du palmier

L’ombre du palmier, c’est plus qu’une entreprise, c’est un choix de vie. Afin de vivre pleinement mes engagements pour un mode de vie qui ne nuit pas à la planète, j’ai choisi d’habiter à la campagne, et d’adopter une vie simple, autour d’une activité agricole, qui participe à fournir des besoins essentiels tout en contribuant à la régénération du paysage. Ce cheminement bien que personnel nécessite une transformation plus large. Et c’est pour cela que je partage avec vous mes expériences.