Pourquoi une haie de cyprès est un mauvais design
et comment une haie diversifiée change tout
Pour toi et pour ton écosystème
La haie, ce n'est pas une séparation
Pendant longtemps, on a cru qu’une haie devait simplement cacher le voisin ou couper le vent.
Résultat : des kilomètres de haies de cyprès ou de thuyas, impeccablement taillées, bien alignées… et complètement stériles.
Mais si on regarde avec l’oeil du permaculteur, on se rend compte que cette bordure porte intrinsèquement un potentiel d’hyper-productivité. En effet, cette apparente séparation est en fait un trait d’union entre le dedans et le dehors. Dans la Nature, les zones de bordures sont des hotspots de biodiversité, à l’image de la zone côtière, des rives d’un fleuve ou d’une mare, ou encore la couche superficielle du sol.
Le problème de la haie monovariétale: un mur de verdure, un désert de vie
Les cyprès, thuyas ou lauriers-roses en file indienne créent une barrière compacte, mais ils cumulent les problèmes :
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Leur feuillage dense bloque la lumière et assèche le sol à leurs pieds.
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Leurs racines superficielles épuisent l’eau disponible pour les autres plantes.
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Ils abritent peu d’insectes pollinisateurs, d’oiseaux insectivores, et peuvent au contraire servir d’autoroute aux nuisibles
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Leur entretien régulier (taille, ramassage) produit un déchet vert pauvre en nutriments et souvent inutilisable en compost.
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Et en plus, elles ne sont pas efficaces en brise vent: trop compacte, elles coupent le vent à leur pied, mais recréent de fortes turbulences au milieu de la parcelle
En d’autres termes, ces haies protègent mal et coûtent cher et produisent peu.
En permaculture, la haie remplit plusieurs fonctions
Protéger les cultures du vent
Pour être efficace, une haie brise vent doit agir comme un tamis. Elle ralentit sans stopper. Pour cela, elle doit être suffisamment poreuse, c’est à dire que les feuillages ne doivent pas être trop compact.
De plus, elle doit avoir un profil aérodynamique, typiquement une forme pyramidale. Pour cela, la haie brise vente est constituée de plusieurs strates, avec des buissons, des arbustes et des arbres hauts. On jouera aussi avec les types de feuillage, caduque ou persistant pour prendre en compte la saisonnalité des vents, les besoins de soleil.
Bien sûr on évite les espèces cassantes, comme les eucalyptus par exemple.
La haie brise vent produit ses effets sur environ 8 fois sa hauteur. Selon la taille de la parcelle, il faudra peut-être la répéter à l’intérieur. Elle peut augmenter la productivité des cultures de 20 à 80%.
Ce type de haie peut tout à fait être conçue pour jouer en plus des fonctions régulatrices sur les nuisibles, nourrir les abeilles, les herbivores, fournir du bois de chauffages ou d’oeuvre.
Si on veut en limiter l’entretien, on choisira des espèces bien adaptées au climat.
Protéger les cultures des nuisibles
Ce type de haie est principalement constitué d’espèces locales, afin d’assurer un habitat aux auxiliaires. On appelle auxiliaire toute espèce animale ou végétale qui permet de réguler un nuisible. Il peut s’agir d’espèces qui permettent de nourrir un prédateur naturel du nuisible, ou qui le repoussent. On peut y introduire des espèces connues pour ce type d’effets, comme les plantes aromatiques.
On y met aussi des espèces fruitières sauvages ou bien appréciées des oiseaux, afin que ceux-ci puissent réguler les insectes nuisibles, sans consommer les fruits de nos vergers.
La haie régulatrice des nuisibles peut également briser le vent, produire du bois ou mulch, produire des fruits ou des aromatiques également consommable pour nous.
Nourrir les animaux
Diviser l’espace est souvent nécessaire lorsqu’on élève des animaux pour une gestion en pâturage dynamique tournant. Une clôture artificielle peut être doublée d’une haie qui va non seulement profiter à la pâture, mais générer en plus un fourrage d’appoint.
La plupart des ruminants apprécient un apport en feuillage et branchages ligneux. Cela constitue également une réserve moins sensible au stress hydrique.
Outre les ruminants, les abeilles peuvent être la cible de la conception de la haie en privilégiant les espèces mellifères.
Se nourrir
Autour de la maison ou du potager, la haie peut favoriser les espèces fruitières afin de maximiser le rendement d’un petit espace, tout en assurant les fonctions basiques d’une haie.
Par rapport à une conduite en verger, on pourra laisser un port plus libre à ces arbres. Un compromis entre qualité des fruits et autres fonctions de la haie. On peut aussi privilégier des fruits rustiques, qui sont peu exigeants comme les arbres à noix, les baies locales, les espèces franc-de-pied (non greffées).
Considérer aussi des sources “alternatives, comme les feuillages comestibles (vigne, tilleul, mûrier…) ou encore fleurs et bourgeons.
Produire du bois
Tailler la haie est souvent indispensable. A la campagne, ces tailles ne sont pas un déchet, généralement elles vont servir au feu, ou constituer des clôtures pour les bergeries.
Mais on peut en faire un objectif à part entière. Produire du bon bois de chauffage peut améliorer les rendement d’une chaudière, ou d’un foyer. Il peut aussi s’agir de bois d’oeuvre, pour les besoins de la construction, pour fabriquer des meubles, des manches…
Pour ces deux applications, mieux vaut choisir des espèces à croissance lente, qui donne un bois de meilleure qualité. Selon les applications, on pourra conduire les arbres en têtards, de sorte à conserver l’arbre vivant et avoir un cycle de récolte plus fréquent.
Si cette haie à bois doit aussi produire des effets brise-vent ou régulateurs de nuisibles, on pourra planter avec des espèces à croissance plus rapide, qui aideront par ailleurs les arbres choisis à mieux pousser.
Zone tampon, sauvage
Il est souvent utile et recommandé en permaculture d’aménager des zones sauvages au sein de sa parcelle. Dépendant du contexte, un bosquet ou une haie bocagère constituée principalement d’espèces locales sauvages peut être indispensable pour permettre à la faune de conserver un habitat et des corridors de déplacement.
Cela permet aussi de “s’isoler” de ses voisins qui auraient de mauvaises pratiques. Les arbres assurant une protection contre la propagation de pesticides, l’érosion du sol notamment.
Et quel plaisir dans ces zones sauvages de découvrir les trésors comestibles comme les asperges ou les champignons!
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Une haie vive, c'est un paysage qui respire
Quand on conçoit une haie en permaculture, on ne “plante pas une bordure”.
On crée un organe du système : une zone tampon entre les cultures, le vent, la faune, les voisins.
Une haie vive, c’est du mouvement, de la diversité, de la résilience. Quel que soit l’objectif principal de la haie, les arbres assurent des fonctions systémiques importantes, au niveau du cycle de la matière organique et du cycle de l’eau.
Et surtout : c’est une beauté qui évolue au fil des saisons.
En novembre à L’ombre du palmier, on apprend à concevoir et planter des haies vivantes adaptées à ton terrain, ton climat et tes besoins lors du prochain atelier.
Les arbres et arbustes sont prêts à être plantés — il ne reste qu’à bien les choisir
Corinne Abbassi, co-fondatrice de L'ombre du palmier
L’ombre du palmier, c’est plus qu’une entreprise, c’est un choix de vie. Afin de vivre pleinement mes engagements pour un mode de vie qui ne nuit pas à la planète, j’ai choisi d’habiter à la campagne, et d’adopter une vie simple, autour d’une activité agricole, qui participe à fournir des besoins essentiels tout en contribuant à la régénération du paysage. Ce cheminement bien que personnel nécessite une transformation plus large. Et c’est pour cela que je partage avec vous mes expériences.